Deuxième livre de Samuel
01 David passa en revue ses troupes et mit à leur tête des officiers de millier et des officiers de centaine.
02 Puis il leur donna le signal du départ : un tiers était mené par Joab, un tiers par Abishaï, fils de Cerouya, frère de Joab, un tiers par Ittaï le Guittite. Le roi dit à la troupe : « Il faut que je sorte avec vous, moi aussi, pour le combat ! »
03 Mais la troupe répliqua : « Tu ne dois pas sortir. S’il nous fallait prendre la fuite, on ne ferait pas attention à nous, et si la moitié d’entre nous venait à mourir, on n’y ferait pas attention non plus ! Toi, tu es comme dix mille d’entre nous, et mieux vaut que tu puisses nous secourir depuis la ville. »
04 Le roi leur dit : « Je ferai ce que bon vous semble. » Et il se tint près de la porte de la ville, pendant que toute la troupe en sortait, regroupée par centaines et par milliers.
05 À Joab, Abishaï et Ittaï, le roi donna alors cet ordre : « Par égard pour moi, ménagez le jeune Absalom ! » Et toute la troupe entendit quand le roi donna cet ordre aux chefs à propos d’Absalom.
06 Les troupes sortirent dans la campagne à la rencontre d’Israël, et le combat eut lieu dans la forêt d’Éphraïm.
07 C’est là que les troupes d’Israël furent battues par les serviteurs de David et qu’il y eut de grandes pertes : vingt mille hommes, ce jour-là !
08 Le combat s’éparpilla ensuite dans tout le pays, et la forêt dévora encore plus d’hommes parmi le peuple que l’épée n’en avait dévoré ce jour-là.
09 Absalom se retrouva par hasard en face des serviteurs de David. Il montait un mulet, et le mulet s’engagea sous la ramure d’un grand térébinthe. La tête d’Absalom se prit dans les branches, et il resta entre ciel et terre, tandis que le mulet qui était sous lui continuait d’avancer.
10 Quelqu’un l’aperçut et avertit Joab : « Je viens de voir Absalom suspendu dans un térébinthe. »
11 Joab dit à l’homme qui l’avait averti : « Tu l’as vu ! Pourquoi donc ne l’as-tu pas frappé et abattu sur place ? J’aurais dû alors te donner dix pièces d’argent et une ceinture. »
12 L’homme répondit à Joab : « Même si je soupesais maintenant, dans la paume de mes mains, mille pièces d’argent, je ne porterais pas la main sur le fils du roi, car nous avons entendu de nos oreilles l’ordre que le roi vous a donné à toi, à Abishaï et à Ittaï : “Par égard pour moi, veillez sur le jeune Absalom !”
13 Et si j’avais commis cette trahison au péril de ma vie, comme rien n’échappe au roi, tu te serais toi-même tenu à l’écart. »
14 Joab lui dit : « Je ne vais pas perdre mon temps avec toi ! » Et il se saisit de trois épieux qu’il planta dans le cœur d’Absalom, encore vivant au milieu du térébinthe.
15 Alors, dix jeunes écuyers au service de Joab entourèrent Absalom pour le frapper à mort.
16 Joab sonna du cor. La troupe, faisant demi-tour, cessa de poursuivre Israël, car Joab l’en empêcha.
17 On prit Absalom, on le jeta dans la grande fosse en pleine forêt, et l’on érigea par-dessus un monceau de pierres très imposant. Tout Israël s’était enfui, chacun à ses tentes.
18 De son vivant, Absalom avait entrepris de se faire ériger une stèle, qui se trouve dans la vallée du Roi. Il se disait : « Je n’ai pas de fils pour faire mémoire de mon nom. » Il donna son nom à la stèle. Aujourd’hui encore, on l’appelle « Monument d’Absalom ».
19 Ahimaas, fils de Sadoc, dit à Joab : « Permets que je coure porter au roi la bonne nouvelle : le Seigneur lui a rendu justice en l’arrachant aux mains de ses ennemis ! »
20 Mais Joab lui répondit : « Non ! Aujourd’hui, tu ne serais pas un porteur de bonne nouvelle. Tu le seras un autre jour. Mais aujourd’hui tu ne peux porter une bonne nouvelle, car c’est le fils du roi qui est mort. »
21 Et Joab dit à l’Éthiopien : « Va rapporter au roi ce que tu as vu ! » L’Éthiopien se prosterna devant Joab, puis il partit en courant.
22 Mais Ahimaas, fils de Sadoc, insista et dit à Joab : « Quoi qu’il arrive, permets que je coure aussi, derrière l’Éthiopien. » Joab lui dit : « Pourquoi veux-tu courir, toi aussi, mon fils, alors qu’il n’y a pas de bonne nouvelle qui te vaudrait une récompense ? »
23 Ahimaas répondit : « Quoi qu’il arrive, je veux courir. » Et Joab lui dit : « Cours ! » Ahimaas prit en courant le chemin de la région du Jourdain. Il dépassa l’Éthiopien.
24 David était assis à l’intérieur de la double porte de la ville. Un guetteur allait et venait sur la terrasse de la porte, au-dessus du rempart ; comme il regardait au loin, il aperçut un homme seul qui courait.
25 Le guetteur cria pour avertir le roi, et le roi dit : « S’il est seul, c’est qu’il a une bonne nouvelle à nous annoncer. » Tandis que l’homme continuait d’approcher,
26 le guetteur en vit accourir un autre. Il cria au portier : « Voici encore un homme en train de courir seul ! » Le roi dit alors : « Celui-là aussi apporte une bonne nouvelle. »
27 Le guetteur ajouta : « Je reconnais la façon de courir du premier : c’est celle d’Ahimaas, fils de Sadoc. » Le roi dit alors : « C’est un homme de bien. Il vient sûrement porter une bonne nouvelle. »
28 Ahimaas s’approcha et dit au roi : « C’est la paix ! » Il se prosterna, face contre terre, devant le roi et ajouta : « Béni soit le Seigneur ton Dieu : il a livré les hommes qui s’en étaient pris à mon seigneur le roi. »
29 Le roi demanda : « Le jeune Absalom est-il en bonne santé ? » Ahimaas répondit : « J’ai bien remarqué une grande agitation au moment où Joab a envoyé l’Éthiopien, serviteur du roi, et ton serviteur, mais je ne sais pas ce qu’il y avait. »
30 Le roi lui dit : « Écarte-toi et tiens-toi là. » Il s’écarta et attendit.
31 Alors arriva l’Éthiopien, qui déclara : « Bonne nouvelle pour mon seigneur le roi ! Le Seigneur t’a rendu justice aujourd’hui, en t’arrachant aux mains de tous ceux qui se dressaient contre toi. »
32 Le roi demanda : « Le jeune Absalom est-il en bonne santé ? » Et l’Éthiopien répondit : « Qu’ils aient le sort de ce jeune homme, les ennemis de mon seigneur le roi, et tous ceux qui se sont dressés contre toi pour le mal ! »