Deuxième livre de Samuel
01 Voici ce qui arriva ensuite. Absalom, fils de David, avait une sœur d’une grande beauté, nommée Tamar. Et Amnone, fils de David, en devint amoureux.
02 Il était tourmenté, au point de se rendre malade à cause de sa sœur Tamar. Celle-ci était vierge, et pour Amnone, lui faire quoi que ce soit semblait impossible.
03 Mais Amnone avait un ami nommé Yonadab, fils de Shiméa, un frère de David. Yonadab était un homme très astucieux.
04 Il dit à Amnone : « Pourquoi donc, fils du roi, es-tu si déprimé, matin après matin ? Ne veux-tu pas me l’expliquer ? » Et Amnone lui répondit : « C’est Tamar, la sœur de mon frère Absalom. J’en suis amoureux ! »
05 Yonadab lui dit alors : « Couche-toi sur ton lit et fais le malade. Quand ton père viendra te voir, tu lui diras : “Permets que ma sœur Tamar vienne me faire prendre quelque nourriture. Qu’elle prépare cette nourriture sous mes yeux pour que je la voie, et je la mangerai de sa main !” »
06 Amnone se coucha et fit le malade. Le roi vint le voir et Amnone lui dit : « Permets que ma sœur Tamar vienne faire sous mes yeux deux galettes, et je prendrai cette nourriture de sa main. »
07 David envoya dire à Tamar, chez elle : « Va donc chez ton frère Amnone et prépare-lui sa nourriture. »
08 Tamar se rendit chez son frère Amnone qu’elle trouva couché. Elle prit la pâte et la pétrit, fit les galettes sous ses yeux et les mit à cuire.
09 Quand elle prit la poële et en fit glisser les galettes devant lui, il refusa de manger. Amnone dit alors : « Faites sortir tout le monde de chez moi ! » Et tout le monde sortit de chez lui.
10 Amnone dit à Tamar : « Apporte la nourriture dans la chambre ; que je la prenne de ta main. » Tamar prit les galettes qu’elle avait préparées et les apporta à son frère Amnone, dans la chambre.
11 Comme elle s’approchait de lui pour qu’il mange, il la saisit en disant : « Viens, ma sœur, couche avec moi ! »
12 Elle lui dit : « Non ! mon frère, ne me fais pas violence : on n’agit pas ainsi en Israël. Ne commets pas cette infamie !
13 Et moi, où irais-je porter mon déshonneur ? Et toi, tu serais considéré comme un infâme en Israël ! Va plutôt parler au roi : il n’empêchera pas que je t’appartienne. »
14 Mais lui ne voulut pas l’écouter. Il la maîtrisa, lui fit violence et coucha avec elle.
15 Après quoi, Amnone se mit à la haïr d’une très grande haine. Oui, la haine qu’il lui porta fut plus grande que l’amour dont il l’avait aimée. Amnone lui dit alors : « Lève-toi, va-t’en ! »
16 Elle lui dit : « Non ! Car me renvoyer serait un autre mal, plus grand que celui que tu viens de me faire ! » Mais il ne voulut pas l’écouter.
17 Il appela le garçon qui le servait et lui dit : « Qu’on la jette hors de chez moi, celle-là ! Et verrouille la porte derrière elle ! »
18 Elle avait une tunique de grand prix ; c’était le vêtement que portaient les filles de roi quand elles étaient vierges. Le serviteur la mit dehors et verrouilla la porte derrière elle.
19 Alors Tamar répandit de la cendre sur sa tête et déchira la tunique à longues manches qu’elle portait. Elle mit la main sur sa tête et s’en alla en criant.
20 Son frère Absalom lui dit : « Ton frère Amnone a donc été avec toi ? Maintenant, ma sœur, calme-toi ! C’est ton frère. Ne prends pas trop à cœur cette affaire. » Et Tamar, abandonnée, habita dans la maison de son frère Absalom.
21 Le roi David apprit tous ces événements et il en fut très irrité.
22 Quant à Absalom, il n’adressait plus la parole à son frère Amnone, ni en mal ni en bien, car il s’était mis à le haïr en raison de la violence qu’Amnone avait faite à sa sœur Tamar.
23 Deux ans plus tard, lorsque les tondeurs de moutons étaient à Baal-Haçor, près d’Éphraïm, chez Absalom, celui-ci invita tous les fils du roi.
24 Absalom alla trouver le roi et lui dit : « Les tondeurs sont arrivés chez ton serviteur : que le roi daigne donc venir chez moi avec tous ses serviteurs ! »
25 Le roi répondit à Absalom : « Non, mon fils, nous n’irons pas tous. Nous ne voulons pas être à ta charge ! » Comme l’autre insistait, le roi refusa de venir, tout en lui donnant sa bénédiction.
26 Absalom reprit : « Soit ! Permets au moins que mon frère Amnone vienne avec nous. » Le roi lui dit : « Et pourquoi irait-il avec toi ? »
27 Mais devant l’insistance d’Absalom, il laissa partir avec lui Amnone et tous ses autres fils.
28 Absalom donna cet ordre à ses serviteurs : « Faites bien attention ! Dès qu’Amnone aura le cœur en joie sous l’effet du vin, et que je vous dirai : “Frappez Amnone !”, vous le ferez mourir. N’ayez pas peur : n’est-ce pas moi qui vous donne cet ordre ? Soyez forts, soyez vaillants ! »
29 Les serviteurs traitèrent Amnone comme Absalom l’avait ordonné. Alors tous les fils du roi se levèrent et, montant chacun sur sa mule, ils s’enfuirent.
30 Ils étaient encore en chemin quand la rumeur parvint à David qu’Absalom avait abattu tous les fils du roi et qu’il n’en restait pas un seul.
31 Le roi se leva, déchira ses vêtements et se coucha par terre. Tous ses serviteurs se tenaient debout, les vêtements déchirés.
32 Mais Yonadab, fils de Shiméa un frère de David, intervint en disant : « Que mon seigneur ne se dise pas qu’on a fait mourir tous les jeunes gens, les fils du roi, car seul Amnone est mort. La bouche d’Absalom l’avait décrété depuis le jour où Amnone avait fait violence à sa sœur Tamar.
33 Maintenant, que mon seigneur le roi ne s’imagine donc pas que tous les fils du roi sont morts. Non, seul Amnone est mort. »
34 Et Absalom prit la fuite. Un jeune homme, le guetteur, leva les yeux et vit derrière lui une troupe nombreuse qui débouchait au flanc de la montagne.
35 Alors Yonadab dit au roi : « Voici les fils du roi qui arrivent. Tout s’est donc passé comme ton serviteur l’avait dit. »
36 À peine eut-il achevé ces paroles que les fils du roi étaient arrivés, criant et pleurant. Alors le roi et tous ses serviteurs se mirent aussi à pleurer et fondirent en larmes.
37 Absalom avait pris la fuite. Il était allé chez Talmaï, fils d’Ammihour, roi de Gueshour. Et pendant tout ce temps, David fut en deuil de son fils.
38 Absalom avait donc pris la fuite et il était allé à Gueshour où il resta trois ans.
39 L’esprit du roi cessa de s’emporter contre Absalom car il s’était consolé de la mort d’Amnone.