Deuxième livre de Samuel
01 Joab, fils de Cerouya, sachant que le cœur du roi se préoccupait d’Absalom,
02 envoya chercher à Teqoa une femme avisée et lui dit : « Mets-toi en deuil, je te prie ! Revêts des habits de deuil, ne te parfume pas, comporte-toi comme une femme depuis longtemps en deuil d’un mort.
03 Puis, va trouver le roi et parle-lui comme je vais te le dire. » Et Joab lui indiqua les paroles qu’elle devait dire.
04 La femme de Teqoa s’adressa donc au roi. Se jetant face contre terre, elle se prosterna et dit : « Que le roi vienne à mon secours ! »
05 Le roi lui demanda : « Que veux-tu ? » Elle répondit : « Hélas, je suis veuve, mon mari est mort.
06 Ta servante avait deux fils. Ils se sont querellés tous deux dans les champs, où il n’y avait personne pour s’interposer. L’un a frappé l’autre d’un coup mortel.
07 Et voilà que tout le clan s’est dressé contre ta servante en disant : “Livre-nous celui qui a frappé son frère ! Nous le mettrons à mort pour la vie de son frère qu’il a assassiné et nous ferons, par le fait même, disparaître l’héritier !” Ils vont éteindre la seule braise qui reste à mon foyer, de sorte que mon mari n’ait plus de nom ni de postérité sur la terre. »
08 Le roi dit à la femme : « Rentre chez toi. Je vais donner des ordres à ton sujet. »
09 La femme de Teqoa dit au roi : « Mon seigneur le roi, si l’on épargne le meurtrier, cette faute sera sur moi et sur la maison de mon père ! Mais le roi et son trône en seront exempts. »
10 Le roi lui dit : « Celui qui te parle de supprimer le meurtrier, tu me l’amèneras. Il cessera de s’en prendre à toi. »
11 Elle poursuivit : « Que le roi daigne donc en appeler au Seigneur son Dieu, de peur que le vengeur du sang n’augmente les ravages et qu’on ne fasse disparaître mon fils. » Il répondit : « Par le Seigneur vivant, pas un seul cheveu de ton fils ne tombera à terre. »
12 La femme reprit : « Que ta servante puisse encore dire un mot à mon seigneur le roi. » Il lui dit : « Parle ! »
13 Alors la femme poursuivit : « Pourquoi nourris-tu un tel projet à l’encontre du peuple de Dieu ? Avec le serment qu’il vient de prononcer, le roi se déclare lui-même coupable en ne laissant pas revenir celui qu’il a banni.
14 À coup sûr, nous mourrons, et nous sommes comme l’eau qui s’écoule sur la terre sans être recueillie. Mais Dieu n’enlève pas la vie, et il forme des projets pour que le banni ne soit plus banni loin de sa présence.
15 Maintenant, je suis venue dire cette parole à mon seigneur le roi, car les gens m’ont fait peur. Alors, je me suis dit : Je vais parler au roi ; peut-être fera-t-il ce que lui dit sa servante.
16 Puisque le roi accepte d’arracher sa servante à la poigne de l’homme qui veut nous faire disparaître de l’héritage de Dieu, moi et mon fils,
17 alors je me suis dit : Que la parole de mon seigneur le roi apporte donc l’apaisement ! En effet, mon seigneur le roi est comme l’ange de Dieu qui distingue le bien et le mal. Que le Seigneur ton Dieu soit avec toi ! »
18 Le roi reprit la parole et dit à la femme : « Ne me cache rien, je t’en prie, quand tu répondras à la question que je vais te poser. » La femme répondit : « Que mon seigneur le roi daigne parler. »
19 Le roi demanda : « Ne serait-ce pas la main de Joab qui t’a guidée dans toute cette affaire ? » La femme reprit la parole et dit : « Par ta vie, mon seigneur le roi, que nul ne s’écarte à droite ou à gauche de tout ce qu’a dit mon seigneur le roi ! Oui, c’est bien ton serviteur Joab qui m’a donné l’ordre et qui a mis toutes ces paroles dans la bouche de ta servante.
20 Il a fait cela afin de retourner la situation. Mais mon seigneur le roi est d’une sagesse pareille à celle de l’ange de Dieu : il sait tout ce qui se passe dans le pays. »
21 David, alors, dit à Joab : « Soit ! Je fais comme il a été dit. Va et ramène le jeune Absalom. »
22 Joab, se jetant face contre terre, se prosterna et bénit le roi. Puis il dit : « Mon seigneur le roi, aujourd’hui ton serviteur a trouvé grâce à tes yeux, puisque le roi accomplit la parole de son serviteur. »
23 Joab se releva, partit pour Gueshour et ramena Absalom à Jérusalem.
24 Le roi déclara : « Qu’il retourne chez lui, mais qu’il ne paraisse pas en ma présence ! » Absalom retourna donc chez lui, mais il ne parut pas en présence du roi.
25 Il n’y avait pas dans tout Israël un homme aussi beau qu’Absalom, ni plus admiré que lui. De la plante des pieds au sommet de la tête, on ne trouvait en lui aucun défaut.
26 Quand il se faisait raser la tête – à la fin de chaque année, sa chevelure devenant trop lourde, il devait la faire raser –, il pesait sa chevelure. Son poids atteignait deux cents sicles, selon la mesure royale !
27 Il naquit à Absalom trois fils et une fille nommée Tamar qui devint une femme très belle.
28 Absalom resta deux ans à Jérusalem sans paraître en présence du roi.
29 Il envoya chercher Joab pour le faire intervenir auprès du roi, mais Joab refusa de venir chez lui. Absalom l’envoya chercher une seconde fois, mais Joab refusa encore de venir.
30 Alors Absalom dit à ses serviteurs : « Vous voyez le champ de Joab, à côté du mien, là où il a son orge : allez-y, incendiez-le ! » Les serviteurs d’Absalom incendièrent donc le champ.
31 Alors Joab se décida à venir chez Absalom et lui demanda : « Pourquoi tes serviteurs ont-ils incendié le champ qui m’appartient ? »
32 Absalom répondit à Joab : « Eh bien, je t’avais fait dire : Viens ici, afin que je t’envoie, toi Joab, chez le roi et que tu lui dises de ma part : “Pourquoi fallait-il que je revienne de Gueshour ? Il vaudrait mieux pour moi que j’y sois encore. Maintenant, je veux paraître en présence du roi, et, s’il y a en moi une faute, il pourra me mettre à mort !” »
33 Alors Joab se rendit auprès du roi et lui rapporta les paroles d’Absalom. Le roi fit appeler Absalom qui vint auprès de lui et se prosterna devant lui face contre terre. Et le roi embrassa Absalom.