Deuxième Livre des Martyrs d'Israël
01 Vers cette époque, Antiocos se mit à préparer sa deuxième expédition contre l’Égypte.
02 Or, il arriva que dans la ville de Jérusalem tout entière, pendant près de quarante jours, apparurent des cavaliers courant dans les airs, vêtus de robes brodées d’or, des troupes armées disposées en cohorte,
03 des glaives dégainés, des escadrons de cavalerie en ordre de bataille, des attaques et des charges lancées de part et d’autre, des mouvements de boucliers, des forêts de piques, des projectiles volants, un éclat fulgurant d’armures d’or et des cuirasses en tout genre.
04 Aussi, tous priaient pour que cette apparition soit de bon augure.
05 Comme une fausse rumeur avait répandu la nouvelle de la mort d’Antiocos, Jason prit avec lui pas moins d’un millier d’hommes et dirigea à l’improviste une attaque contre la ville. Ceux qui étaient sur le rempart furent repoussés, et la ville fut bientôt prise. Ménélas se réfugia alors dans l’acropole.
06 Jason se livra sans pitié au massacre de ses propres concitoyens, oubliant qu’une victoire sur des frères de race est la plus grande des défaites. Il se comportait comme si ses trophées étaient remportés sur des ennemis, non sur des compatriotes.
07 En fait, il ne réussit pas à s’emparer du pouvoir, il finit même par se couvrir de honte à cause de ses machinations, si bien qu’il gagna de nouveau en fugitif le pays des Ammonites.
08 En définitive, il subit un misérable retournement des choses : enfermé d’abord chez Arétas, prince des Arabes, il s’enfuit de ville en ville et, pourchassé par tous, détesté parce qu’il rejetait les lois, abhorré comme le bourreau de sa patrie et de ses concitoyens, il alla échouer en Égypte.
09 Lui, qui avait banni tant d’hommes de leur patrie, périt sur une terre étrangère, après s’être rendu auprès des Lacédémoniens, dans l’espoir d’y trouver un refuge en raison de leur parenté avec son peuple.
10 Lui qui avait privé tant de gens de sépulture, nul ne le pleura ; il n’eut aucune espèce de funérailles ni aucune place dans le tombeau de ses pères.
11 Lorsque ces faits parvinrent à la connaissance du roi, celui-ci en conclut que la Judée s’était révoltée. Il quitta donc l’Égypte, furieux comme une bête sauvage, et s’empara de la ville à la pointe de la lance.
12 Il ordonna aux soldats d’abattre sans pitié ceux qui leur tomberaient entre les mains et d’égorger ceux qui se réfugieraient dans les maisons.
13 On extermina jeunes et vieux, on massacra femmes et enfants, on égorgea jeunes filles et tout-petits.
14 Il y eut quatre-vingt mille victimes en ces trois jours : quarante mille tombèrent sous les coups, et autant furent vendus comme esclaves.
15 Non content de cela, Antiocos eut l’audace de pénétrer dans le Temple le plus saint de toute la terre, sous la conduite de ce Ménélas qui en était venu à trahir et les lois et la patrie.
16 De ses mains infâmes, il s’empara des objets sacrés. Et les dons que d’autres rois avaient déposés pour l’enrichissement, la gloire et la dignité du Lieu saint, il les déroba de ses mains profanes.
17 Enflé d’orgueil, Antiocos ne voyait pas que le Maître suprême était un moment irrité à cause des péchés des habitants de la ville, et que c’est pour cela qu’il détachait ses regards du Lieu saint.
18 Car si les habitants de la ville n’avaient pas été plongés dans une multitude de péchés, Antiocos lui aussi aurait été flagellé dès son arrivée et ainsi détourné de sa témérité, tout comme cet Héliodore qui avait été envoyé par le roi Séleucos pour inspecter la salle du trésor.
19 Pourtant, ce n’est pas à cause du Lieu saint que le Seigneur a choisi le peuple, c’est à cause du peuple qu’il a choisi le Lieu saint.
20 C’est pourquoi le Lieu saint lui-même, après avoir été associé aux malheurs du peuple, eut ensuite part avec lui à son rétablissement. Lui qui avait été délaissé au temps de la colère du Tout-Puissant, il fut à nouveau restauré dans toute sa gloire, lors de la réconciliation avec le Maître suprême.
21 Antiocos, après avoir enlevé au Temple dix-huit cents talents, s’empressa de regagner Antioche. Dans son arrogance, il s’imaginait rendre la terre navigable et la mer praticable à la marche, tellement son cœur était enflé d’orgueil.
22 Mais il laissa des gouverneurs chargés de faire du mal à la nation : Philippe à Jérusalem, phrygien de race, mais de caractère encore plus barbare que celui qui l’avait établi,
23 et Andronicos au Garizim. En plus de ceux-ci, il laissa Ménélas, qui surpassait tous les autres en méchanceté envers ses concitoyens. Nourrissant à l’égard des citoyens de Judée une profonde hostilité,
24 le roi envoya Apollonios le Mysarque, à la tête d’une armée de vingt-deux mille hommes, avec l’ordre d’égorger tous ceux qui étaient dans la force de l’âge et de vendre les femmes et les jeunes enfants.
25 Arrivé à Jérusalem et jouant le personnage pacifique, Apollonios attendit le saint jour du sabbat. Alors, profitant du repos des Juifs, il commanda à ses hommes d’organiser une parade militaire.
26 Tous ceux qui étaient sortis pour voir le défilé, il les fit massacrer ; puis, parcourant la ville avec ses soldats en armes, il abattit une foule considérable de gens.
27 Or Judas, appelé aussi Maccabée, s’étant retiré dans les montagnes avec une dizaine de compagnons, vivait avec eux à la manière des bêtes sauvages ; ils ne mangeaient que des herbes pour ne pas contracter la moindre souillure.