Office des lectures

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Introduction

V/ Dieu, viens à mon aide,
R/ Seigneur, à notre secours.

Gloire au Père, et au Fils et au Saint-Esprit,
au Dieu qui est, qui était et qui vient,
pour les siècles des siècles.
Amen. (Alléluia.)

Hymne : Entendez-vous tous ces cœurs battre

La Tour du Pin — Le Seuil

Entendez-vous tous ces cœurs battre,
Comme s'ils n'étaient que d'un corps,
D'un glas navrant dans sa tristesse :
L'Église pleurant son Christ mort !

Regardez-la qui le regarde :
Celui qu'elle aimait n'est-il plus ?
Avant d'avoir touché ses lèvres,
Est-elle veuve de Jésus ?

Les yeux qu'elle adorait se ferment,
Le dernier soupir est lâché !
Elle était vaine, la promesse
De ne jamais l'abandonner !

Console-toi, fille des hommes,
Dans sa mort ton Christ te rejoint :
Si tu voyais au sein du Père,
Tu verrais son Fils dans le tien.

Il reprend tout de vie nouvelle,
Il reprend tout, même la mort !
Et toi, tu vas au long des siècles
Lui former vraiment tout son corps.

Entendez-vous tant de cœurs battre,
Comme s'il n'était qu'un sonneur ?
Pour un tel chant de l'espérance :
L'Église recevant son cœur !

Antienne

Dans mon espérance, je m'épuise à te supplier.

Psaume : 68 - I

2 Sauve-moi, mon Dieu :
les eaux montent jusqu’à ma gorge !

3 J’enfonce dans la vase du gouffre,
rien qui me retienne ; *
je descends dans l’abîme des eaux,
le flot m’engloutit.

4 Je m’épuise à crier,
ma gorge brûle.*
Mes yeux se sont usés
d’attendre mon Dieu.

5 Plus abondants que les cheveux de ma tête,
ceux qui m’en veulent sans raison ; *
ils sont nombreux, mes détracteurs,
à me haïr injustement.

Moi qui n’ai rien volé,
que devrai-je rendre ? *
6 Dieu, tu connais ma folie,
mes fautes sont à nu devant toi.

7 Qu’ils n’aient pas honte pour moi, ceux qui t’espèrent,
Seigneur, Dieu de l’univers ;*
qu’ils ne rougissent pas de moi, ceux qui te cherchent,
Dieu d’Israël !

8 C’est pour toi que j’endure l’insulte,
que la honte me couvre le visage :
9 je suis un étranger pour mes frères,
un inconnu pour les fils de ma mère.
10 L’amour de ta maison m’a perdu ;
on t’insulte, et l’insulte retombe sur moi.

11 Si je pleure et m’impose un jeûne,
je reçois des insultes ;
12 si je revêts un habit de pénitence,
je deviens la fable des gens :
13 on parle de moi sur les places,
les buveurs de vin me chansonnent.

Antienne

Pour nourriture, ils m'offraient du poison, et du vinaigre pour ma soif.

Psaume : 68 - II

14 Et moi, je te prie, Seigneur :
c’est l’heure de ta grâce ; *
dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi,
par ta vérité sauve-moi.

15 Tire-moi de la boue,
sinon je m’enfonce : *
que j’échappe à ceux qui me haïssent,
à l’abîme des eaux.

16 Que les flots ne me submergent pas,
que le gouffre ne m’avale, *
que la gueule du puits
ne se ferme pas sur moi.

17 Réponds-moi, Seigneur,
car il est bon, ton amour ; *
dans ta grande tendresse,
regarde-moi.

18 Ne cache pas ton visage à ton serviteur ;
je suffoque : vite, réponds-moi. *
19 Sois proche de moi, rachète-moi,
paie ma rançon à l’ennemi.

20 Toi, tu le sais, on m’insulte :
je suis bafoué, déshonoré ; *
tous mes oppresseurs
sont là, devant toi.

21 L’insulte m’a broyé le cœur,
le mal est incurable ; *
j’espérais un secours, mais en vain,
des consolateurs, je n’en ai pas trouvé.

22 À mon pain, ils ont mêlé du poison ;
quand j’avais soif, ils m’ont donné du vinaigre.

[23-29]

Antienne

À vous qui cherchez Dieu, vie et bonheur !

Psaume : 68 - III

30 Et moi, humilié, meurtri,
que ton salut, Dieu, me redresse.
31 Et je louerai le nom de Dieu par un cantique,
je vais le magnifier, lui rendre grâce.
32 Cela plaît au Seigneur plus qu’un taureau,
plus qu’une bête ayant cornes et sabots.

33 Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête :
« Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! »
34 Car le Seigneur écoute les humbles,
il n’oublie pas les siens emprisonnés.
35 Que le ciel et la terre le célèbrent,
les mers et tout leur peuplement !

36 Car Dieu viendra sauver Sion
et rebâtir les villes de Juda.
Il en fera une habitation, un héritage : *
37 patrimoine pour les descendants de ses serviteurs,
demeure pour ceux qui aiment son nom.

Verset

V/ Fais-moi connaître tes chemins, Seigneur,
enseigne-moi tes sentiers.

Lecture : Espérer en silence le salut (Lm 3, 1-33)

01 Aleph — Je suis l’homme qui a connu la misère sous le bâton de Ses emportements,
02 moi qu’il a conduit et mené dans les ténèbres et non dans la lumière ;
03 contre moi seul, tout le jour, il porte et porte encore sa main.
04 Beth — Il use ma chair et ma peau, il me brise les os ;
05 il me cerne, il m’environne d’amertume et de peine ;
06 il me fait habiter les ténèbres, comme les morts de tous les temps.
07 Guimel — Il m’a emmuré, et je ne peux sortir, il alourdit ma chaîne :
08 j’ai beau crier et supplier, il étouffe ma prière ;
09 d’un bloc de pierre il barre mes routes, il détourne mes sentiers.
10 Daleth — Pour moi, il est un ours à l’affût, un lion en embuscade,
11 il me fait perdre ma route, me désoriente, me laisse désemparé :
12 il tend son arc, il me choisit comme cible pour sa flèche.
13 Hé — Il a planté dans mes reins les dards de son carquois.
14 Je suis la risée de tout mon peuple, leur chanson de chaque jour.
15 Il m’a gorgé d’herbes amères, abreuvé d’absinthe.
16 Waw — Il m’a broyé les dents avec du gravier, il m’enfouit dans la cendre.
17 Tu enlèves la paix à mon âme, j’ai oublié le bonheur ;
18 j’ai dit : « Mon assurance a disparu, et l’espoir qui me venait du Seigneur. »
19 Zaïn — Rappelle-toi ma misère et mon errance, l’absinthe et le poison.
20 Elle se rappelle, mon âme, elle se rappelle ; en moi, elle défaille.
21 Voici ce que je redis en mon cœur, et c’est pourquoi j’espère :
22 Heth — Grâce à l’amour du Seigneur, nous ne sommes pas anéantis ; ses tendresses ne s’épuisent pas ;
23 elles se renouvellent chaque matin, – oui, ta fidélité surabonde.
24 Je me dis : « Le Seigneur est mon partage, c’est pourquoi j’espère en lui. »
25 Teth — Le Seigneur est bon pour qui se tourne vers lui, pour celui qui le cherche.
26 Il est bon d’espérer en silence le salut du Seigneur ;
27 il est bon pour l’homme de porter le joug dès sa jeunesse.
28 Yod — Qu’il reste assis, solitaire, en silence, tant que le Seigneur le lui impose ;
29 qu’il tienne sa bouche contre terre : peut-être y a-t-il un espoir !
30 Qu’il tende la joue à qui le frappe, qu’il se laisse saturer d’insultes.
31 Kaph — Car le Seigneur ne rejette pas pour toujours ;
32 s’il afflige, il fera miséricorde selon l’abondance de sa grâce ;
33 ce n’est pas de bon cœur qu’il humilie, qu’il afflige les enfants des hommes.

Répons

R/ Il est bon d'attendre en silence
le salut du Seigneur.

Père, s'il est possible,
que passe loin de moi cette coupe ;
pourtant non pas ce que je veux,
mais ce que tu veux.

Père, l'heure est venue :
glorifie ton nom ;
oui, tu l'as glorifié,
et tu le glorifieras encore.

 

HOMÉLIE DE S. BERNARD
POUR LE DIMANCHE APRÈS L'ASSOMPTION

Le martyre de la Vierge nous est connu tant par la prophétie de Siméon que par le récit même de la Passion du Seigneur. De l'enfant Jésus, ce vieillard disait : Il sera un signe de division ; et toi, disait-il à Marie, une épée transpercera ton âme.

Oui, Mère bénie, un glaive a transpercé ton âme : il n'aurait pu, sans transpercer celle-ci, pénétrer dans la chair du Fils. C'est vrai : ce Jésus qui est le tien — qui est à tous, certes, mais à toi tout particulièrement —, après avoir remis son esprit, ne fut pas atteint dans son âme par la lance meurtrière sans épargner un mort, auquel elle ne pouvait pourtant plus faire de mal, elle lui ouvrit le côté ; mais c'est ton âme qu'elle transperça. La sienne assurément n'était plus là mais la tienne ne pouvait s'enfuir. Ton âme, c'est la force de douleur qui l'a transpercée, aussi pouvons-nous très justement te proclamer plus que martyre, puisque ta souffrance de compassion aura certainement dépassé la souffrance qu'on peut ressentir physiquement.

N'a-t-elle pas été plus qu'une épée pour toi, n'a-t-elle pas percé ton âme et atteint jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, cette parole : Femme, voilà ton fils ? Ô quel échange ! Jean t'est donné en lieu et place de Jésus, le serviteur à la place du Seigneur, le disciple au lieu du Maître, le fils de Zébédée à la place du Fils de Dieu, un simple homme au lieu du vrai Dieu. Comment l'écoute de cette parole ne transpercerait-elle pas ton âme pleine d'affection, quand le seul souvenir de cette parole brise déjà nos cœurs, qui sont pourtant de roc et de fer ? Ne vous étonnez pas, frères, qu'on puisse dire de Marie qu'elle a été martyre dans son âme. S'en étonnerait celui qui aurait oublié comment Paul mentionne, parmi les fautes les plus graves des païens, le fait qu'ils ont été sans affection. Un tel péché était bien loin du cœur de Marie ; qu'il le soit aussi de ses modestes serviteurs.

Mais on dira peut-être : ne savait-elle pas d'avance qu'il devait mourir ? — Sans nul doute. N'espérait-elle pas qu'il ressusciterait aussitôt ? — Oui, assurément. Et malgré cela elle souffrit de le voir crucifié ? — Oui, et violemment. Qui donc es-tu, frère, et d'où vient ta sagesse, pour que tu puisses t’étonner davantage de la compassion de Marie que de la passion du fils de Marie ? Lui a pu mourir dans son corps, et elle, n'aurait-elle pas pu mourir avec lui dans son cœur ? Voilà (dans la passion du Christ) ce qu'a accompli une charité telle que personne n'en a éprouvé de plus grande ; et voici (dans la compassion de Marie) ce qu'a accompli une charité qui, après celle de Jésus, n'a pas son pareil.

Répons

R/ Tu es la gloire de notre peuple,
Vierge Marie !

Ton nom sera, de par Dieu, pour toujours ;
« Celle qui a trouvé grâce devant lui ».

Lève-toi, tiens-toi sur la hauteur,
debout près de la croix !

Vois tes enfants, du levant au couchant rassemblés,
car ton Fils attire tout à lui !

Oraison

Tu as voulu, Seigneur, que la Mère de ton Fils, debout près de la croix, fût associée à ses souffrances ; accorde à ton Église de s’unir, elle aussi, à la passion du Christ, afin d’avoir part à sa résurrection. Lui qui règne.