Livre de Jérémie
01 Si tu reviens Israël – oracle du Seigneur –, c’est à moi que tu reviendras. Si tu fais disparaître tes horreurs loin de ma face, tu n’auras plus à errer.
02 Alors tu jureras par le Seigneur vivant, dans la vérité, le droit et la justice ; et les nations se béniront en lui, en lui, elles se glorifieront.
03 Ainsi parle le Seigneur aux gens de Juda et à Jérusalem : Défrichez pour vous ce qui est en friche, ne semez pas dans les ronces !
04 Soyez circoncis pour le Seigneur, enlevez le prépuce de votre cœur, gens de Juda et habitants de Jérusalem, de peur que ma colère n’éclate comme un feu et ne brûle, sans personne pour l’éteindre, à cause de la malice de vos actes.
05 Annoncez-le en Juda, dans Jérusalem faites-le entendre, dites : « Sonnez du cor dans le pays ! » Criez à pleine voix, dites : « Rassemblez-vous ! Entrons dans les villes fortifiées ! »
06 Vers Sion levez l’étendard, cherchez un refuge, ne vous arrêtez pas, car c’est le malheur que je fais venir du nord, et un grand désastre.
07 Le lion monte de son fourré, le destructeur des nations se met en route ; il sort de chez lui pour réduire ton pays en un lieu désolé : tes villes seront ruinées, vidées de leurs habitants.
08 À cause de cela, revêtez-vous de toile à sac, lamentez-vous et gémissez, car l’ardente colère du Seigneur ne s’est pas détournée de nous !
09 Il arrivera en ce jour-là – oracle du Seigneur que le cœur du roi et le cœur des princes défailliront. Les prêtres seront consternés, et les prophètes, stupéfaits.
10 Alors je dis : « Ah ! Seigneur mon Dieu, vraiment, tu as bien trompé ce peuple et Jérusalem, en disant : “Vous aurez la paix”, tandis que l’épée nous atteint à la gorge. »
11 En ce temps-là, on dira à ce peuple et à Jérusalem : Au désert, un vent brûlant des hauteurs est en route vers la fille de mon peuple, non pour vanner, non pour épurer ;
12 un vent plein de violence me vient de là-bas. Et moi, maintenant, je prononce contre eux des jugements.
13 Le voici qui monte comme les nuages ; ses chars sont pareils à l’ouragan, et ses chevaux, plus vifs que les aigles. Malheur à nous, car nous sommes dévastés !
14 Lave ton cœur de tout mal, Jérusalem, afin d’être sauvée ! Combien de temps encore accueilleras-tu en toi des pensées malfaisantes ?
15 Oui, une voix l’annonce depuis Dane ; depuis la montagne d’Éphraïm, elle publie le malheur.
16 Répétez-le aux nations, publiez-le contre Jérusalem : des assaillants arrivent d’un pays lointain, ils élèvent la voix contre les villes de Juda.
17 Comme les gardiens d’un champ, ils sont là, tout autour de Jérusalem, car elle s’est révoltée contre moi – oracle du Seigneur.
18 Ta conduite et tes actes t’ont valu cela : Voilà ton malheur. Ah, quelle amertume ! Elle te frappe en plein cœur.
19 Oh ! Mes entrailles ! Mes entrailles ! Au fond de moi, je me tords de douleur. Mon cœur gémit en moi, je ne peux pas me taire. Ô mon âme, tu as entendu l’appel du cor, le cri de guerre.
20 On proclame désastre sur désastre, car tout le pays est dévasté. Soudain, mes tentes sont dévastées, ainsi que mes abris, en un instant.
21 Combien de temps verrai-je l’étendard, entendrai-je l’appel du cor ?
22 Oui, mon peuple est fou : ils ne me connaissent pas. Ce sont des enfants stupides : ils n’ont pas de discernement. Ils sont sages pour faire le mal, mais ne savent pas faire le bien.
23 Je regarde la terre, et voici : c’est un chaos ; le ciel : il a perdu sa lumière.
24 Je regarde les montagnes, et voici : elles tremblent, toutes les collines sont secouées.
25 Je regarde, et voici qu’il n’y a plus d’hommes, tous les oiseaux du ciel ont fui.
26 Je regarde, et voici que le verger est un désert, toutes les villes sont détruites devant le Seigneur, devant l’ardeur de sa colère.
27 Ainsi parle le Seigneur : Toute la terre sera désolée, mais je n’en ferai pas l’extermination.
28 Aussi la terre sera-t-elle en deuil, et là-haut, le ciel s’obscurcira. Puisque je l’ai dit et décidé, je n’y renoncerai pas, je ne reviendrai pas en arrière.
29 À la clameur du cavalier et de l’archer, toute ville prend la fuite ; on s’enfonce dans les broussailles, on escalade les rochers ; toute ville est abandonnée, plus personne n’y habite.
30 Et toi, dévastée, que vas-tu faire ? Tu te revêts d’écarlate et te pares d’une parure d’or, tu te fardes les yeux pour les agrandir ! C’est en vain que tu te fais belle ! Ceux qui te convoitaient te méprisent, ils en veulent à ton âme.
31 J’entends une voix, comme celle d’une femme en travail, comme l’angoisse d’une jeune accouchée. C’est la voix de la fille de Sion ; elle suffoque, elle étend les mains : « Malheur à moi ! Mon âme défaille devant les tueurs. »