Livre de Daniel
01 Moi, Nabucodonosor, j’étais tranquille dans ma maison et satisfait dans mon palais.
02 J’ai eu un songe : il m’a effrayé. Sur mon lit, je fus troublé par des pensées obsédantes et, dans mon esprit, par des visions.
03 J’ai donné l’ordre d’introduire en ma présence tous les sages de Babylone, pour qu’ils me fassent connaître l’interprétation du songe.
04 Alors, les magiciens, les mages, les devins et les astrologues entrèrent, et je leur racontai le songe, mais ils ne m’ont pas fait connaître son interprétation.
05 En dernier lieu, Daniel se présenta devant moi – son nom est Beltassar, selon le nom de mon dieu, et il a en lui l’esprit des dieux saints. Je lui racontai le songe :
06 « Beltassar, chef des magiciens, tu as en toi l’esprit des dieux saints, je le sais, et aucun mystère ne t’embarrasse. Voici le songe que j’ai fait ; dis-moi son interprétation.
07 Sur mon lit, je regardais les visions de mon esprit : Voici un arbre, au milieu de la terre, d’une gigantesque hauteur.
08 L’arbre grandit, et il devint puissant, sa hauteur atteignait le ciel, et on le voyait de toute la terre.
09 Son feuillage était beau et son fruit abondant ; il y avait en lui de la nourriture pour tous. Les animaux sauvages s’abritaient sous lui ; les oiseaux du ciel demeuraient dans ses branches ; toute créature se nourrissait de lui.
10 Sur mon lit, je regardais les visions de mon esprit, lorsqu’un Vigilant, un être saint, descendit du ciel.
11 Il criait à pleine voix : Abattez l’arbre et coupez ses branches ! Arrachez son feuillage et jetez son fruit ! Que les bêtes quittent son abri, et les oiseaux, ses branches !
12 Mais la souche avec les racines, laissez-les dans la terre, dans des chaînes de fer et de bronze, dans l’herbe des champs. L’arbre sera trempé de la rosée du ciel, il partagera avec les bêtes l’herbe de la terre.
13 Son cœur d’homme sera changé, un cœur de bête lui sera donné. Alors, des temps, au nombre de sept, passeront sur lui.
14 Voici la décision arrêtée par les Vigilants, la résolution prise par les êtres saints, pour que les vivants le reconnaissent : le Très-Haut est maître du royaume des hommes ; il le donne à qui il veut, il élève le plus humble des hommes.
15 Tel est le songe que j’ai eu, moi, le roi Nabucodonosor. Toi, Beltassar, donne-moi son interprétation, car aucun des sages de mon royaume n’a pu m’en faire connaître l’interprétation. Mais toi, tu le peux, puisque l’esprit des dieux saints est en toi. »
16 Alors Daniel, surnommé Beltassar, resta un instant terrifié, et ses pensées l’épouvantaient. Le roi prit la parole et dit : « Beltassar, que le songe et son interprétation ne t’épouvantent pas ! » Beltassar répondit : « Mon seigneur, que le songe soit pour tes ennemis, et son interprétation pour tes adversaires !
17 L’arbre que tu as vu, grand, puissant, élevé, atteignant le ciel et visible de toute la terre,
18 dont le feuillage était beau et le fruit abondant, en qui il y avait de la nourriture pour tous, sous lequel s’abritaient les animaux sauvages, et dans les branches duquel demeuraient les oiseaux,
19 c’est toi, ô roi ! Tu es devenu grand et puissant, tu as grandi au point d’atteindre le ciel, et ta domination s’étend jusqu’aux extrémités de la terre.
20 Puis, ô roi, tu as vu un Vigilant, un être saint descendu du ciel et qui disait : “Abattez l’arbre et détruisez-le, mais laissez dans la terre la souche avec les racines, dans des chaînes de fer et de bronze, dans l’herbe des champs, et qu’il soit trempé de la rosée du ciel, et partage le sort des animaux sauvages, jusqu’à ce que sept temps passent sur lui.”
21 Cette vision, ô roi, en voici l’interprétation, la décision du Très-Haut qui atteint mon seigneur le roi :
22 Tu seras chassé d’entre les hommes, tu auras ta demeure avec les animaux sauvages, on te nourrira d’herbe, comme les bœufs, tu seras trempé de la rosée du ciel, et sept temps passeront sur toi, jusqu’au moment où tu reconnaîtras que le Très-Haut est maître du royaume des hommes et le donne à qui il veut.
23 Et si l’on a dit de laisser en terre la souche avec les racines de l’arbre, c’est que ta royauté se maintiendra quand tu auras reconnu que le Ciel est le maître.
24 Aussi, que mon conseil te paraisse bon, ô roi : rachète tes péchés par la justice, et tes fautes par la pitié envers les malheureux. S’il en est ainsi, ta tranquillité se prolongera. »
25 Tout cela arriva au roi Nabucodonosor.
26 Douze mois après, comme il se promenait sur la terrasse du palais royal de Babylone,
27 le roi prit la parole et dit : « N’est-ce pas ici Babylone la grande ? Moi, je l’ai bâtie comme une maison royale, par la puissance de ma force et pour la gloire de ma majesté. »
28 Ces paroles étaient encore dans sa bouche quand une voix tomba du ciel : « C’est à toi que l’on parle, ô roi Nabucodonosor ! On te retire la royauté.
29 Tu seras chassé d’entre les hommes, tu auras ta demeure avec les animaux sauvages, on te nourrira d’herbe, comme les bœufs, et sept temps passeront sur toi, jusqu’au moment où tu reconnaîtras que le Très-Haut est maître du royaume des hommes et le donne à qui il veut. »
30 À l’instant même, la parole s’accomplit pour Nabucodonosor : il fut chassé d’entre les hommes, il mangea de l’herbe comme les bœufs, son corps fut trempé de la rosée du ciel, jusqu’à ce que ses cheveux grandissent comme des plumes d’aigle, et ses ongles, comme des griffes d’oiseaux.
31 « Au bout des jours fixés, moi, Nabucodonosor, je levai les yeux vers le ciel, et l’intelligence revint en moi. Alors, je bénis le Très-Haut, je célébrai l’éternel Vivant et lui rendis gloire : Son pouvoir est un pouvoir éternel, son royaume s’étend d’âge en âge.
32 Tous les habitants de la terre sont comptés pour rien ; il fait ce qui lui plaît de l’armée du ciel et des habitants de la terre. Nul ne fait obstacle à sa main, personne ne lui dit : “Que fais-tu ?”
33 À ce moment-là, l’intelligence me revint ; ma splendeur et mon éclat me revinrent aussi, pour la gloire de mon règne. Mes conseillers et les grands de mon royaume me réclamèrent. Je fus rétabli dans ma royauté, et un surcroît de grandeur me fut accordé.
34 Maintenant, moi, Nabucodonosor, je bénis, j’exalte et célèbre le Roi du ciel : Toutes ses actions sont vérité, et ses chemins, justice ; il peut rabaisser ceux qui marchent dans l’arrogance. »