Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc
01 Un de ces jours-là où Jésus, dans le Temple, enseignait le peuple et proclamait la Bonne Nouvelle, survinrent les grands prêtres et les scribes avec les anciens.
02 Ils lui demandèrent : « Dis-nous par quelle autorité tu fais cela ? Ou alors qui est celui qui t’a donné cette autorité ? »
03 Il leur répliqua : « Moi aussi, je vais vous poser une question. Dites-moi :
04 Le baptême de Jean venait-il du ciel ou des hommes ? »
05 Ils firent entre eux ce raisonnement : « Si nous disons : “Du ciel”, il va dire : “Pourquoi n’avez-vous pas cru à sa parole ?”
06 Si nous disons : “Des hommes”, le peuple tout entier va nous lapider, car il est persuadé que Jean est un prophète. »
07 Et ils répondirent qu’ils ne savaient pas d’où il venait.
08 Alors Jésus leur déclara : « Eh bien, moi non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais cela. »
09 Il se mit à dire au peuple la parabole que voici : « Un homme planta une vigne, loua celle-ci à des vignerons et partit en voyage pour un temps assez long.
10 Le moment venu, il envoya un serviteur auprès des vignerons afin que ceux-ci lui remettent ce qui lui revenait du fruit de la vigne. Mais les vignerons, après l’avoir frappé, renvoyèrent le serviteur les mains vides.
11 Le maître persista et envoya un autre serviteur ; celui-là aussi, après l’avoir frappé et humilié, ils le renvoyèrent les mains vides.
12 Le maître persista encore et il envoya un troisième serviteur ; mais après l’avoir blessé, ils le jetèrent dehors.
13 Le maître de la vigne dit alors : “Que vais-je faire ? Je vais envoyer mon fils bien-aimé : peut-être que lui, ils le respecteront !”
14 En le voyant, les vignerons se firent l’un à l’autre ce raisonnement : “Voici l’héritier. Tuons-le, pour que l’héritage soit à nous.”
15 Et, après l’avoir jeté hors de la vigne, ils le tuèrent. Que leur fera donc le maître de la vigne ?
16 Il viendra, fera périr ces vignerons et donnera la vigne à d’autres. » Les auditeurs dirent à Jésus : « Pourvu que cela n’arrive pas ! »
17 Mais lui, posant son regard sur eux, leur dit : « Que signifie donc ce qui est écrit ? La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle.
18 Tout homme qui tombera sur cette pierre s’y brisera ; celui sur qui elle tombera, elle le réduira en poussière ! »
19 À cette heure-là, les scribes et les grands prêtres cherchèrent à mettre la main sur Jésus ; mais ils eurent peur du peuple. Ils avaient bien compris, en effet, qu’il avait dit cette parabole à leur intention.
20 Ils se mirent alors à le surveiller et envoyèrent des espions qui jouaient le rôle d’hommes justes pour prendre sa parole en défaut, afin de le livrer à l’autorité et au pouvoir du gouverneur.
21 Ceux-ci l’interrogèrent en disant : « Maître, nous le savons : tu parles et tu enseignes avec droiture, tu es impartial et tu enseignes le chemin de Dieu selon la vérité.
22 Nous est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? »
23 Mais Jésus, percevant leur fourberie, leur dit :
24 « Montrez-moi une pièce d’argent. De qui porte-t-elle l’effigie et l’inscription ? – De César », répondirent-ils.
25 Il leur dit : « Alors rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
26 Ils furent incapables de le prendre en défaut devant le peuple en le faisant parler et, tout étonnés de sa réponse, ils gardèrent le silence.
27 Quelques sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – s’approchèrent de Jésus
28 et l’interrogèrent : « Maître, Moïse nous a prescrit : Si un homme a un frère qui meurt en laissant une épouse mais pas d’enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère.
29 Or, il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ;
30 de même le deuxième,
31 puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d’enfants.
32 Finalement la femme mourut aussi.
33 Eh bien, à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »
34 Jésus leur répondit : « Les enfants de ce monde prennent femme et mari.
35 Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari,
36 car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection.
37 Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob.
38 Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. »
39 Alors certains scribes prirent la parole pour dire : « Maître, tu as bien parlé. »
40 Et ils n’osaient plus l’interroger sur quoi que ce soit.
41 Jésus leur demanda : « Comment peut-on dire que le Christ est fils de David ?
42 David lui-même dit, en effet, dans le livre des Psaumes : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Siège à ma droite
43 jusqu’à ce que j’aie placé tes ennemis comme un escabeau sous tes pieds.
44 David l’appelle donc Seigneur : comment peut-il être son fils ? »
45 Comme tout le peuple l’écoutait, il dit à ses disciples :
46 « Méfiez-vous des scribes qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues et les places d’honneur dans les dîners.
47 Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »