Livre d'Isaïe
01 Malheureux ! Ils rédigent des décrets malfaisants, ils inscrivent des écrits d’oppression !
02 Ils refusent de rendre justice aux faibles, et privent de leurs droits les pauvres de mon peuple ; les veuves deviennent leurs proies, et ils dépouillent les orphelins !
03 Que ferez-vous au jour du châtiment, au jour d’une tourmente venue de loin ? Vers qui fuirez-vous pour demander secours ? Où laisserez-vous vos richesses ?
04 Il ne restera qu’à se courber parmi les prisonniers, on succombera parmi les cadavres. Et avec tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, sa main reste levée.
05 Malheureux ! Assour, l’instrument de ma colère, le bâton de mon courroux.
06 Je l’envoie contre une nation impie, je lui donne mission contre un peuple qui excite ma fureur, pour le mettre au pillage et emporter le butin, pour le piétiner comme la boue des chemins.
07 Mais Assour ne l’entend pas ainsi, ce n’est pas du tout ce qu’il pense : ce qu’il veut, c’est détruire, exterminer quantité de nations.
08 Car il dit : « Tous mes officiers ne valent-ils pas des rois ? N’ai-je pas pris Kalno comme Karkémish,
09 Hamath comme Arpad, et Samarie comme Damas ?
10 Comme j’ai mis la main sur les royaumes des faux dieux et leurs idoles plus nombreuses qu’à Jérusalem et à Samarie,
11 n’ai-je pas traité ainsi Samarie et ses faux dieux ? ne puis-je pas traiter ainsi Jérusalem et ses images ? »
12 Mais quand le Seigneur aura fini son œuvre au mont Sion et à Jérusalem, il châtiera le roi d’Assour pour les fruits de son cœur arrogant, pour l’orgueil de ses regards hautains.
13 Car le roi d’Assour a dit : « C’est par la vigueur de ma main que j’ai agi, et par ma sagesse, car j’ai l’intelligence. J’ai déplacé les frontières des peuples, j’ai pillé leurs réserves ; fort entre les forts, j’ai détrôné des puissants.
14 J’ai mis la main sur les richesses des peuples, comme sur un nid. Comme on ramasse des œufs abandonnés, j’ai ramassé toute la terre, et il n’y a pas eu un battement d’aile, pas un bec ouvert, pas un cri. »
15 Mais le ciseau se glorifie-t-il aux dépens de celui qui s’en sert pour tailler ? La scie va-t-elle s’enfler d’orgueil aux dépens de celui qui la tient ? Comme si le bâton faisait mouvoir la main qui le brandit, comme si c’était le bois qui brandissait l’homme !
16 C’est pourquoi le Seigneur Dieu de l’univers fera dépérir les soldats bien nourris du roi d’Assour, et au lieu de sa gloire s’allumera un brasier, le brasier d’un incendie.
17 La Lumière d’Israël deviendra un incendie et son Dieu Saint, une flamme qui brûle et dévore épines et ronces en un seul jour !
18 Les forêts et les vergers, gloire du roi, il les détruira de fond en comble ; ce sera comme un moribond qui s’éteint.
19 Le reste des arbres de sa forêt, on pourra les compter ; un enfant en écrirait le nombre.
20 En ces jours-là, le reste d’Israël et les rescapés de la maison de Jacob cesseront de s’appuyer sur celui qui les frappait : ils s’appuieront vraiment sur le Seigneur, le Saint d’Israël.
21 Un reste reviendra : le reste de Jacob, vers le Dieu-Fort.
22 Israël, même si ton peuple est comme le sable de la mer, seul un reste en reviendra. La destruction est décidée : la justice déferle.
23 Oui, c’est une destruction décidée, que le Seigneur, Dieu de l’univers, accomplit dans tout le pays.
24 C’est pourquoi ainsi parle le Seigneur, Dieu de l’univers : « Ô mon peuple, qui habites Sion, n’aie pas peur d’Assour : il te frappe de son gourdin, il abat sur toi son bâton comme l’a fait l’Égypte.
25 Mais encore un peu, très peu de temps, et mon indignation contre toi prendra fin, ma colère tournera à leur perte. »
26 Contre eux, le Seigneur de l’univers va brandir un fouet, comme il frappa Madiane au Rocher d’Oreb ; il lèvera son bâton sur la mer, comme il l’a fait en Égypte.
27 Il arrivera, en ce jour-là, que le fardeau sera retiré de tes épaules, et de ta nuque, le joug. Le dévastateur monte de la région de Rimmone.
28 Il vient contre Ayath, il passe à Migrone ; à Mikmas, il installe son matériel.
29 Ils franchissent le défilé : « À Guéba, notre étape ! » Rama tremble, Guibéa de Saül prend la fuite.
30 « Hurle, Bath-Gallim ! Écoute, Laïsha ! Réponds, Anatoth !
31 Madména s’enfuit ; ils se terrent, les habitants de Guébim.
32 Aujourd’hui même, à Nob, l’ennemi prend position ; il tend le poing vers la montagne de la fille de Sion, vers la colline de Jérusalem.
33 Voici que le Seigneur, Dieu de l’univers, d’un coup terrible abat les branches ; les arbres les plus grands sont coupés, et les plus fiers, jetés à terre.
34 Les taillis de la forêt s’abattent sous la hache, et le Liban dans sa splendeur s’effondre.