Livre de la Genèse
01 Isaac était devenu vieux, ses yeux avaient faibli et il n’y voyait plus. Il appela Ésaü son fils aîné : « Mon fils ! » Celui-ci répondit : « Me voici. »
02 Isaac reprit : « Tu vois : je suis devenu vieux, mais je ne sais pas le jour de ma mort.
03 Prends donc maintenant tes armes, ton carquois et ton arc, sors dans la campagne et tue-moi du gibier.
04 Prépare-moi un bon plat comme je les aime et apporte-le-moi pour que je mange, et que je te bénisse avant de mourir. »
05 Pendant qu’Isaac parlait ainsi à son fils Ésaü, Rébecca écoutait. Ésaü alla donc dans la campagne chasser du gibier pour son père.
06 Alors Rébecca dit à son fils Jacob : « Voici que j’ai entendu ton père parler à ton frère Ésaü. Il lui disait :
07 “Apporte-moi du gibier et prépare-moi un bon plat pour que je mange et que je te bénisse devant le Seigneur avant de mourir.”
08 Maintenant, mon fils, écoute bien ce que je t’ordonne.
09 Va dans le troupeau de petit bétail et ramène-moi deux beaux chevreaux. Je préparerai pour ton père un bon plat, comme il les aime,
10 et tu le lui apporteras à manger ; alors il pourra te bénir avant de mourir. »
11 Jacob répondit à sa mère Rébecca : « Mais mon frère Ésaü est un homme velu, tandis que ma peau est lisse !
12 Si jamais mon père me palpe, il croira que je me suis moqué de lui et j’attirerai sur moi la malédiction au lieu de la bénédiction. »
13 Mais sa mère lui répliqua : « Qu’elle vienne sur moi, ta malédiction, mon fils ! Écoute seulement ce que je te dis et va me chercher les chevreaux. »
14 Il alla donc les chercher et les apporta à sa mère. Et celle-ci prépara un bon plat comme son père les aimait.
15 Rébecca prit les meilleurs habits d’Ésaü, son fils aîné, ceux qu’elle gardait à la maison ; elle en revêtit Jacob, son fils cadet.
16 Puis, avec des peaux de chevreau, elle lui couvrit les mains et la partie lisse du cou.
17 Elle remit ensuite entre ses mains le plat et le pain qu’elle avait préparés.
18 Jacob entra chez son père et dit : « Mon père ! » Celui-ci répondit : « Me voici. Qui es-tu, mon fils ? »
19 Jacob dit à son père : « Je suis Ésaü, ton premier-né ; j’ai fait ce que tu m’as dit. Viens donc t’asseoir, mange de mon gibier ; alors, tu pourras me bénir. »
20 Isaac lui dit : « Comme tu as trouvé vite, mon fils ! » Jacob répondit : « C’est que le Seigneur, ton Dieu, a favorisé ma chasse. »
21 Isaac lui dit : « Approche donc, mon fils, que je te palpe, pour savoir si tu es bien mon fils Ésaü ! »
22 Jacob s’approcha de son père Isaac. Celui-ci le palpa et dit : « La voix est la voix de Jacob, mais les mains sont les mains d’Ésaü. »
23 Il ne reconnut pas Jacob car ses mains étaient velues comme celles de son frère Ésaü, et il le bénit.
24 Il dit encore : « C’est bien toi mon fils Ésaü ? » Jacob répondit : « C’est bien moi. »
25 Isaac reprit : « Apporte-moi le gibier, mon fils, j’en mangerai, et alors je pourrai te bénir. » Jacob le servit, et il mangea. Jacob lui présenta du vin, et il but.
26 Son père Isaac dit alors : « Approche-toi et embrasse-moi, mon fils. »
27 Comme Jacob s’approchait et l’embrassait, Isaac respira l’odeur de ses vêtements, et il le bénit en disant : « Voici que l’odeur de mon fils est comme l’odeur d’un champ que le Seigneur a béni.
28 Que Dieu te donne la rosée du ciel et une terre fertile, froment et vin nouveau en abondance !
29 Que des peuples te servent, que des nations se prosternent devant toi. Sois un chef pour tes frères, que les fils de ta mère se prosternent devant toi. Maudit soit celui qui te maudira, béni soit celui qui te bénira ! »
30 À peine Isaac avait-il fini de bénir Jacob, et Jacob avait-il quitté son père, que son frère Ésaü revint de la chasse.
31 Lui aussi prépara un bon plat et l’apporta à son père en lui disant : « Que mon père se lève et mange du gibier de son fils ; alors tu pourras me bénir. »
32 Isaac lui demanda : « Qui es-tu ? » Il répondit : « Je suis Ésaü, ton fils premier-né. »
33 Isaac se mit alors à trembler violemment et dit : « Qui donc est celui qui a été à la chasse et m’a rapporté du gibier ? J’ai mangé de tout avant que tu n’arrives. Celui-là, je l’ai béni ; béni il restera. »
34 Dès qu’Ésaü entendit les paroles de son père, il poussa un très grand cri, plein d’amertume. Il dit à son père : « Ô mon père, bénis-moi aussi ! »
35 Isaac répondit : « Ton frère est venu par ruse et il a volé ta bénédiction ! »
36 Ésaü reprit : « Est-ce parce qu’on lui a donné le nom de Jacob (c’est-à-dire : le Trompeur) que, par deux fois, celui-ci m’a trompé ? Il a volé mon droit d’aînesse et voici que, maintenant, il a volé ma bénédiction. Ne m’as-tu pas réservé une bénédiction ? »
37 Isaac répondit à Ésaü : « Voici que j’ai fait de lui ton chef, je lui ai donné tous ses frères pour serviteurs, je l’ai pourvu de froment et de vin nouveau : que puis-je encore faire pour toi, mon fils ! »
38 Ésaü répondit à son père : « N’as-tu donc qu’une seule bénédiction, mon père ? Ô mon père, bénis-moi aussi ! » Puis Ésaü éleva la voix et pleura.
39 Alors Isaac reprit la parole et dit : « Loin des terres fertiles sera ta demeure, loin de la rosée qui tombe du ciel.
40 Tu vivras grâce à ton épée et tu serviras ton frère ; mais à force de vagabonder, tu ôteras son joug de ton cou ! »
41 Ésaü se mit à considérer Jacob comme son ennemi à cause de la bénédiction qu’il avait reçue de son père. Il se disait en lui-même : « Le moment du deuil de mon père approche. Alors je tuerai mon frère Jacob. »
42 On rapporta à Rébecca les paroles d’Ésaü, son fils aîné, et elle fit appeler Jacob, son fils cadet. Elle lui dit : « Voici que ton frère Ésaü veut se venger de toi en te tuant.
43 Maintenant, mon fils, écoute-moi bien : lève-toi et fuis à Harane chez mon frère Laban.
44 Tu habiteras avec lui quelque temps, jusqu’à ce que la fureur de ton frère se détourne de toi,
45 oui, que sa colère se détourne de toi et qu’il oublie ce que tu lui as fait ; alors j’enverrai quelqu’un te chercher là-bas. Pourquoi serais-je privée de mes deux enfants le même jour ? »
46 Rébecca dit à Isaac : « Je suis dégoûtée de la vie à cause des filles de Hittites, les femmes d’Ésaü. Si jamais Jacob devait épouser une fille comme celles-là, une fille de ce pays, à quoi bon vivre encore ! »